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Nous gérons les populations de cerfs. Alors pourquoi pas celles de phoques gris?

13 December 2020
Récolte des phoques

ARTICLE D’OPINION : Nous gérons les populations de cerfs. Alors pourquoi pas celles de phoques gris?

Republication — Cape Cod Times

 

Rédigé par Peter Howel

 

L’organisme The Trustees of Reservations a récemment mené une chasse au cerf contrôlée sur sa propriété de World’s End à Hingham (États-Unis) pour réduire la population de cerfs. Le site Web de l’organisme indique qu’il « considère la chasse comme faisant partie d’un ensemble de meilleures pratiques en matière de gestion pour conserver des populations de cerfs en bonne santé » et que, « compte tenu de l’importance de World’s End sur les plans écologique, paysager et récréatif, l’objectif de l’organisme The Trustees est de maintenir les densités cibles… par le biais d’une chasse annuelle contrôlée ».

 

Je n’ai aucune raison de remettre en question la décision qu’a prise l’organisme The Trustees de réduire la population de cerfs pour des raisons écologiques. Cela dit, une autre des propriétés de l’organisme, à savoir le refuge faunique de Coskata-Coatue à Nantucket, a connu une croissance spectaculaire de sa population de phoques gris. Depuis des générations, Great Point, à la pointe nord de Coskata-Coatue, attire des visiteurs de partout dans le monde en raison de sa plage spectaculaire et de sa pêche exceptionnelle. Aujourd’hui, la présence toujours croissante de phoques gris en fait un véritable refuge pour les phoques.

 

Mais alors, je me demande, pourquoi est-il acceptable de contrôler la population de cerfs pour des raisons écologiques, mais pas celle de phoques gris? Parce que la Loi sur la protection des mammifères marins, adoptée il y a près de 50 ans, protège les mammifères marins à perpétuité, quels que soient leur nombre et leurs répercussions sur l’environnement. Dans ce cas, pourquoi est-il acceptable de contrôler les populations de mammifères terrestres, mais pas celles de mammifères marins, en particulier ceux dont les populations ne sont manifestement plus en déclin, comme les phoques gris?

 

Au cours des dernières années, le gouvernement fédéral a annoncé le retrait des grizzlis, des carcajous et des loups gris, de la liste des espèces en voie de disparition, en vertu de la loi du même nom. Et pourtant, si l’on combine les 48 faibles populations de ces trois espèces, estimées à moins de 9 000 animaux, on est encore loin du compte par rapport à la population de phoques gris, estimée à environ 500 000 individus dans le nord-ouest de l’Atlantique, individus qui migrent librement entre les eaux canadiennes et états-uniennes, et sont légalement protégés lorsqu’ils se trouvent dans les eaux états-uniennes. Pourquoi la Loi sur les espèces en voie de disparition autorise-t-elle à rayer de la liste les espèces dont les populations ne sont plus en danger, mais pas celle sur la protection des mammifères marins?

 

L’île de Muskeget, située juste à l’ouest de Nantucket, est le plus grand site de reproduction de phoques gris aux États-Unis. À partir de ce mois-ci, plus de 10 000 phoques gris convergeront vers cette île de 250 acres, menaçant ce fragile écosystème classé site naturel national et qui abrite une espèce unique de campagnol des plages, le Microtus breweri. Au-delà du cas particulier de Muskeget, la population de phoques gris en constante expansion menace l’équilibre de notre écosystème marin, sans parler de la sécurité de nos eaux côtières en raison des grands requins blancs qu’elle attire. Si la chasse contrôlée de cerfs peut être justifiée à World’s End dans l’intérêt du maintien d’un écosystème équilibré, pourquoi la Loi sur la protection des mammifères marins ne permettrait-elle pas une détermination similaire dans le cas des phoques gris, avec le même objectif, à savoir maintenir l’équilibre de l’écosystème marin?

 

Je ne remets pas en question ni ne critique les politiques de gestion de la faune de l’organisme The Trustees ni ne remets en question la nécessité de la Loi sur la protection des mammifères marins en soi. Ce que je remets en question, en revanche, c’est le fait que la Loi sur la protection des mammifères marins continue à conférer une protection à des espèces qui ne sont manifestement pas en danger d’extinction et dont la population a atteint un nombre qui va potentiellement au-delà de ce qui serait optimal et viable, entraînant du même coup des répercussions écologiques potentiellement néfastes. La Loi sur les espèces en voie de disparition prévoit de rayer de la liste les espèces lorsque leur population atteint un nombre suffisant. La Loi sur la protection des mammifères marins devrait en faire de même.

 

Peter Howell est un résident de Hingham et un ancien résident de Nantucket. Il a été président du Nantucket Property Committee des Trustees of Reservations de 2010 à 2014.

 

Source : Peter Howell, Cape Cod Times. “OPINION / MY VIEW: We manage deer populations. Why not gray seals?”. December 13th 2020. <https://www.capecodtimes.com/story/opinion/2020/12/13/nantucket-theres-case-managing-gray-seal-population/3873725001/>

Vidéo de la colonie de phoques gris à l’île Brion aux Îles-de-la-Madeleine (Québec) disponible sur le site de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec :

Références