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Phoques vs. poissons: un écosystème déséquilibré

15 March 2021
Récolte des phoques

Les chiffres racontent une histoire: plus de 7.6 millions de phoques du Groenland vivent à Terre-Neuve-et-Labrador et aux alentours. Chaque phoque adulte mangera probablement entre 7 et 9 kilogrammes (15 à 20 livres) de nourriture par jour, plus ou moins selon la taille du corps et la période de l’année. Bien que les phoques du Groenland, en particulier, consomment de nombreuses espèces de poissons et d’invertébrés, ils semblent préférer les petits poissons, notamment le capelan, le hareng et la morue.

 

Si même une partie du régime alimentaire du phoque du Groenland est composée de capelan (également une source de nourriture pour la morue) et de morue, ce niveau de prédation devrait exercer une pression sur les stocks de morue déjà gravement épuisés.

 

En d’autres termes: la pêche commerciale totale à Terre-Neuve-et-Labrador (toutes les espèces côtières et extracôtières) représente moins de 220,000 millions de tonnes (MT) par an (2018-2020). Et cela signifie que seulement 100,000 phoques du Groenland adultes (1,5% de la population totale estimée) consomment plus que la pêche commerciale totale.

 

Les trois stocks de morue adjacents à Terre-Neuve-et-Labrador sont considérés comme «critiques» par le Ministère des Pêches et Océans (MPO).

 

Au fil des ans, de nombreux pêcheurs, défenseurs des pêches et certains scientifiques ont laissé entendre que la population abondante de phoques déséquilibre l’écosystème – la population de phoques augmente, tandis que les stocks de morue du Nord se débattent; certaines populations de morue risquent de disparaître si les tendances actuelles se poursuivent.

 

Un ventre plein de poisson

Au début de février, quelques habitants de Terre-Neuve ont été confrontés à une situation qui semblerait appuyer ce point de vue. Les deux hommes ont récolté quelques phoques pour leur usage personnel. Ils ont remarqué que les phoques avaient le ventre bombé et, lorsqu’ils ont été ouverts, ils ont vu qu’ils étaient remplis de hareng et de morue.

 

Comme Dion Wier, l’un des hommes impliqués, l’a expliqué: «Où il y a de la morue, il y a des phoques.»

 

Le combat n’est pas perdu pour le défenseur des pêches de longue date basé à Terre-Neuve-et-Labrador, Gus Etchegary. Comme Etchegary le suggère : si on veut rebâtir l’industrie, on doit effectuer une évaluation indépendante des stocks de poisson de fond. En particulier, dit-il, l’évaluation doit prendre sérieusement en compte les effets de la prédation par les phoques, ainsi que les menaces pour le stock de caplins et la gestion conjointe de l’écosystème marin.

 

Le groupe de travail sur les sciences des phoques de l’Atlantique a été fondée en 2019 pour recueillir des commentaires sur les programmes scientifiques du MPO et les méthodes d’inclusion de l’industrie de la pêche dans ces programmes.

 

L’un des membres de l’équipe de travail, le consultant en fruits de mer Robert Hardy, fait l’observation suivante au sujet de la gestion de la pêche au capelan, le capelan étant une importante source de nourriture pour la morue:

  • Quota actuel pour la pêche au capelan à Terre-Neuve-et-Labrador: 22,000 MT.
  • Consommation de capelan par plus de 7,4 millions de phoques du Groenland: 1,000,000+ MT.
  • La pêche au capelan représente ainsi moins de 2% du capelan consommé par les phoques
  • Les marchés du capelan sont concurrentiels en raison de l’offre limitée et de la forte demande des consommateurs

 

Selon Hardy, la fermeture de la pêche au capelan à elle seule n’améliorera sensiblement pas les stocks de capelan ou de morue.

 

Les phoques mangeront-ils la morue jusqu’à extinction?

Pas plus tard qu’en 2019, le MPO a déterminé, dans le cadre d’évaluations de la morue, que «les phoques du Groenland ne sont pas les principaux moteurs de l’abondance de la morue au large de Terre-Neuve ou du sud du Labrador». De nombreux membres de l’industrie de la pêche à Terre-Neuve-et-Labrador contestent cette conclusion.

 

Cependant, les conclusions du MPO sont différentes en ce qui concerne le phoque gris.

 

Le MPO a également mené des recherches sur les phoques gris et leurs interactions avec la morue. Comme indiqué sur son site Web, «la prédation par les phoques gris peut représenter jusqu’à 50% de la mortalité naturelle de la morue [dans le golfe du Saint-Laurent], ce qui en fait un facteur majeur limitant le rétablissement de ce stock spécifique.

 

Une étude publiée par le MPO en 2019 démontre que la population de morue dans le sud du golfe du Saint-Laurent est en déclin, «en raison de l’abondance gravement appauvrie de la morue du sud du golfe et de l’abondance élevée et croissante de ses prédateurs, les phoques gris. Compte tenu de la forte abondance actuelle de phoques gris, cette population de morue devrait continuer de décliner vers l’extinction. » Cette extinction, suggère le rapport, pourrait se produire dès le milieu du siècle.

 

Bien qu’aucun abattage ne soit actuellement prévu, le MPO déclare qu’il s’est engagé à une gestion équilibrée des pêches qui tient compte à la fois de la population de phoques et de celle de la morue franche. Reste à voir comment cela va se passer.

 

Les travaux se poursuivent dans les secteurs de la pêche, de la chasse au phoque et des secteurs connexes pour encourager davantage de science sur les effets du phoque sur les stocks de poissons et des solutions viables. De plus, chez Produits de Phoque Canadien et ailleurs, nous continuons de promouvoir la valeur de la pêche durable du phoque au Canada et les nombreux avantages de l’huile de phoque, de la viande, de la fourrure et du cuir.

Estimations de la population:

Phoques du Groenland: 7.6 millions dans l’Atlantique Nord-Ouest

Phoques annelés: 1.2 million

Phoques gris: 424,300 au Canada

Phoques communs: 20,000 – 30,000

Références